Cette randonnée en Savoie vous emmène là où les bergers guidaient leurs troupeaux depuis des siècles

Marion Lagrange

L’air frais de la montagne emplit mes poumons alors que je pose le pied sur le sentier qui serpente au-dessus de Villarlurin. Le crissement de mes chaussures sur les graviers se mêle au chant des oiseaux dans les pins. Une brise légère apporte les effluves des alpages en fleurs. Me voici au départ d’une randonnée qui promet de dévoiler les trésors cachés de la Savoie, entre forêts séculaires et crêtes vertigineuses.

Cette boucle au-dessus de la station de Valmorel n’est pas qu’un simple sentier. C’est un véritable voyage dans le temps et l’espace savoyard. Jadis empruntée par les bergers pour mener leurs troupeaux vers les alpages d’été, elle témoigne de siècles d’histoire pastorale. Aujourd’hui, elle offre aux randonneurs un condensé des paysages alpins, du vert tendre des forêts aux roches grises des sommets. Mais que cache vraiment ce sentier ? Quels défis réserve-t-il à ceux qui osent s’y aventurer ? C’est ce que nous allons découvrir pas à pas.

À la découverte du sentier

Le sentier que nous empruntons aujourd’hui a une histoire aussi riche que les montagnes qu’il traverse. Au Moyen Âge, il faisait partie d’un réseau de chemins muletiers reliant les vallées de la Tarentaise. Les marchands l’utilisaient pour transporter leurs marchandises, bravant les cols enneigés et les ravins escarpés.

Une légende locale raconte qu’au col de la Coche, point culminant de notre randonnée, vivait autrefois un ermite. On dit qu’il guidait les voyageurs égarés par le brouillard, leur offrant refuge dans sa modeste cabane. Aujourd’hui, le refuge de Pierre Larron perpétue cette tradition d’hospitalité montagnarde.

Au fil des siècles, le sentier s’est transformé. Les anciennes pistes de charbonniers ont laissé place à des chemins balisés. Les ruines d’un ancien hameau d’alpage, que nous croiserons près de la cuvette de la Coche, témoignent de cette évolution. Ces pierres usées racontent l’histoire des familles qui vivaient ici l’été, fabriquant le célèbre Beaufort dans des conditions rudimentaires.

Le parcours en détail

Notre randonnée s’adresse aux marcheurs expérimentés, habitués au dénivelé. Comptez environ 5 à 6 heures pour boucler les 12 à 15 kilomètres du parcours. Le dénivelé positif de 1400 mètres demande une bonne condition physique, mais les efforts sont largement récompensés par les panoramas à couper le souffle.

Le terrain est varié, alternant entre sentiers forestiers ombragés et chemins rocailleux en altitude. Après avoir quitté les derniers mélèzes, vous évoluerez sur des crêtes offrant des vues à 360° sur les massifs environnants. Par temps clair, le Mont Blanc vous saluera au loin.

Les points d’intérêt sont nombreux. Ne manquez pas le belvédère naturel au Col de la Coche, idéal pour une pause contemplative. La montée vers Crève Tête vous réservera peut-être la surprise d’apercevoir des chamois ou des marmottes. Enfin, le passage par le refuge de Pierre Larron est l’occasion de reprendre des forces autour d’une tarte aux myrtilles maison.

La meilleure période pour entreprendre cette randonnée s’étend de juin à septembre. En dehors de cette période, la neige peut rendre le parcours difficile voire dangereux. Méfiez-vous cependant des orages d’été, fréquents en fin d’après-midi.

Critère Détail
Départ Fontaine-le-Puits ou Les Avanchers-Valmorel
Altitude max 2200 m (Crève Tête)
Dénivelé 1400 m
Distance 12-15 km
Durée moyenne 5-6 heures
Type de terrain Sentiers balisés, forêts, crêtes, alpages
Saison idéale Juin à septembre
Balisage Jaune / Rouge-blanc (GR)
Accès Parking à Fontaine-le-Puits ou Les Avanchers-Valmorel

L’environnement naturel et sauvage

Cette randonnée est une immersion totale dans la biodiversité alpine. Dans les sous-bois, vous pourrez observer l’écureuil roux bondir d’arbre en arbre. Plus haut, le vol majestueux de l’aigle royal n’est pas rare. Avec un peu de chance et de patience, vous apercevrez peut-être le lagopède alpin, cet oiseau emblématique parfaitement adapté aux conditions de haute montagne.

Côté flore, le spectacle est tout aussi fascinant. Au printemps, les prairies alpines se parent d’un tapis multicolore où se mêlent gentianes bleues, edelweiss et orchis vanille. En été, les rhododendrons ferrugineux illuminent les pentes de leurs fleurs roses.

Une partie du sentier traverse la Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) du massif de la Lauzière. Ce statut témoigne de la richesse écologique du site et implique quelques règles de bonne conduite :

  • Restez sur les sentiers balisés pour ne pas piétiner la flore fragile
  • Ne cueillez pas les fleurs, certaines espèces sont protégées
  • Gardez vos distances avec la faune sauvage
  • Remportez vos déchets

En respectant ces consignes simples, vous contribuerez à préserver ce patrimoine naturel exceptionnel pour les générations futures.

Préparer et réussir sa randonnée

Une bonne préparation est la clé d’une randonnée réussie. Voici l’équipement indispensable à ne pas oublier :

  • Chaussures de randonnée montantes et imperméables
  • Vêtements chauds et imperméables (principe des 3 couches)
  • Au moins 2 litres d’eau par personne
  • Provisions énergétiques (fruits secs, barres de céréales)
  • Chapeau, lunettes de soleil et crème solaire
  • Carte IGN et boussole (ou GPS)
  • Téléphone portable chargé
  • Trousse de premiers secours

La météo en montagne est capricieuse. Même en été, les températures peuvent chuter rapidement en altitude. Consultez toujours les prévisions la veille et le matin du départ. N’hésitez pas à renoncer si les conditions sont mauvaises, la montagne sera toujours là demain.

En cas de fatigue, une variante plus courte existe. Au col de la Coche, plutôt que de monter à Crève Tête, vous pouvez redescendre directement vers le refuge de Pierre Larron. Cela raccourcit la boucle d’environ 3 kilomètres et 400 mètres de dénivelé.

Où se reposer et quoi découvrir autour ?

Le refuge de Pierre Larron, situé à mi-parcours, est l’endroit idéal pour une pause bien méritée. Ouvert de juin à septembre, il propose des repas chauds et des boissons réconfortantes. La terrasse offre une vue imprenable sur la vallée des Belleville.

Pour le pique-nique, je recommande le belvédère naturel au Col de la Coche. C’est un spot magique pour contempler le panorama tout en reprenant des forces.

Si cette randonnée vous a mis en appétit, je vous conseille d’explorer le sentier des vignes de Apremont. Cette balade facile vous fera découvrir les coteaux viticoles de Savoie et leur histoire passionnante. C’est l’occasion de combiner randonnée et dégustation de vins locaux. Découvrez le chemin des vignes en Savoie.

Après l’effort, le réconfort ! Le village de Saint-Martin-de-Belleville, à quelques kilomètres, mérite le détour. Ses ruelles pittoresques et son église baroque du 17ème siècle vous plongeront dans l’atmosphère authentique des villages savoyards. Ne manquez pas de goûter la cuisine locale dans l’un des restaurants traditionnels.

Conclusion

La randonnée au-dessus de Villarlurin est bien plus qu’une simple marche en montagne. C’est un voyage à travers l’histoire et les paysages de la Savoie. Des forêts profondes aux crêtes vertigineuses, chaque pas vous rapproche un peu plus de l’âme de ces montagnes. Le défi physique est réel, mais la récompense est à la hauteur : des panoramas à couper le souffle, une nature préservée et le sentiment grisant d’avoir accompli quelque chose d’exceptionnel.

Alors, prêt à chausser vos boots et à partir à l’aventure ? La montagne vous attend, avec ses secrets et ses merveilles. Et si cette randonnée vous a donné le goût de l’altitude, n’hésitez pas à explorer d’autres sentiers savoyards. Chacun a sa propre histoire à raconter, son propre défi à relever. Découvrez notre top 5 des randonnées en Savoie pour préparer votre prochaine escapade en altitude.

FAQ

1. Cette randonnée est-elle adaptée aux débutants ?
Non, cette randonnée s’adresse aux marcheurs expérimentés en raison de son dénivelé important (1400m) et de sa longueur (12-15km). Les débutants devraient opter pour des parcours plus faciles comme le lac d’Anterne.

2. Peut-on faire cette randonnée en hiver ?
Ce n’est pas recommandé. Le sentier est souvent enneigé et peut être dangereux de novembre à mai. La meilleure période est de juin à septembre.

3. Y a-t-il des sources d’eau potable sur le parcours ?
Oui, vous trouverez des sources naturelles, notamment près du refuge de Pierre Larron. Cependant, il est toujours préférable d’emporter suffisamment d’eau (au moins 2L par personne) et des pastilles de purification par précaution.

4. Le sentier est-il bien balisé ?
Oui, le sentier est balisé en jaune et suit partiellement le GR (balisage rouge et blanc). Cependant, une carte et une boussole (ou GPS) restent indispensables, surtout en cas de brouillard.

5. Peut-on dormir au refuge de Pierre Larron ?
Oui, le refuge propose des nuitées de juin à septembre. Il est recommandé de réserver à l’avance, surtout en haute saison. C’est une excellente option pour fractionner la randonnée sur deux jours.